Finance et communs. Pour une réappropriation collective de la finance
« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance. » Si ces mots du candidat François Hollande sont restés dans les mémoires, c’est parce qu’ils font écho à la défiance populaire vis-à-vis de « la finance », largement responsable de la crise économique de 2008.
De façon accélérée depuis les années 1970, le système financier s’est détourné de son objectif premier, le financement de l’économie, pour répondre à un objectif devenu prioritaire : générer des bénéfices financiers. Mais peut-on penser une finance au service d’un projet de société radicalement différent que celui que propose le néolibéralisme ? Et à quelles conditions ? Des économistes, des acteurs de l’économie et les militant·es des communs portent et nourrissent cette réflexion. Si le lien entre finance et communs peut paraître contre-intuitif, ces deux objets sont intimement liés : en effet, les communs sont à la fois une théorie et des pratiques d’une auto-gestion démocratique et collective efficace des ressources, donc de l’économie, pour satisfaire les besoins et les droits sociaux.
Ce numéro de la collection Passerelle se donne un objectif ambitieux : celui de décrypter, d’analyser, et d’expliquer les enjeux autour de la finance, et de la repenser au prisme des communs. La question centrale qui le traverse et l’anime pourrait donc être résumée de la façon suivante : comment reprendre la main sur les mécanismes financiers pour construire ce monde en commun ?
Tout d’abord, à quoi ressemblerait une finance gérée en commun ? Qu’est-ce que serait une « monnaie en commun », sortie des griffes des banques privées ? Comment pourrait-on gérer la (les) dette(s) en commun ? Que compterait-on dans une comptabilité pour les communs, et quels effets concrets cela aurait-il sur les échanges économiques ? Les contributions de la première partie de ce numéro montrent de façon exemplaire qu’en changeant les termes dans lesquels le débat public sur « la finance » sont posés, en jouant sur les échelles et les niveaux d’acteurs, de précieuses pistes émergent pour initier (ou accélérer) un changement radical dans nos économies.
Les articles de la deuxième partie posent ensuite la question du financement des communs. Puisant leur inspiration dans des initiatives aux quatre coins du monde, depuis les Banques de développement communautaires brésiliennes jusqu’aux modèles de pérennisation de « l’entreprise en commun », en passant par les partenariats public-communs, ils s’interrogent sur la manière de changer d’échelle pour assurer l’expansion du « faire-en-commun » ; non pas de façon théorique, mais à partir du cadre concret de l’économie financiarisée telle qu’elle fonctionne actuellement.
Penser les communs est une porte d’entrée majeure pour repenser l’économie (et donc la finance) dans son ensemble. Cette publication se veut dès lors une contribution à la rénovation de nos conceptions sur le système économique et financier à l’aune de la transformation la plus radicale : celle de la gestion de notre monde en commun.
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