Gouvernance de l’innovation et des nouvelles technologies - le rôle de la société civile

L’innovation est devenu un maître-mot que les dirigeants politiques et économiques ne cessent d’invoquer en toute occasion. Elle serait la condition du maintien de notre prospérité et de notre niveau de vie, voire la solution à tous nos problèmes sociaux et environnementaux. Trop souvent, cependant, cette mise en exergue de l’impératif d’innovation n’est qu’un paravent servant à justifier l’introduction à marche forcée de nouveaux produits ou de nouvelles technologies dont l’intérêt réel pour la société est douteux et dont les conséquences (environnementales, sanitaires et au-delà) sont mal connues.

De telles pratiques ne manquent pas de susciter de fortes réactions de la part de la société. Depuis les OGM jusqu’aux nanotechnologies en passant par les ondes électromagnétiques, débats et controverses se sont succédés au cours des dernières années sur les choix technologiques et sur les choix de société que ceux-ci impliquent. Ces controverses ont pu aller parfois jusqu’à de véritables mouvements de résistance, voire jusqu’à un discours de refus catégorique de l’innovation (ou du moins du modèle dominant d’innovation qui nous est proposé). La société civile - associations, collectifs, simples citoyens – y joue un rôle de plus en plus important, au grand dam des autorités établies.

Depuis plusieurs années, diverses procédures de participation et de débat public ont vu le jour (conférences de citoyens, etc.), dans le but de ménager une place aux citoyens dans les choix technologiques et de rétablir des relations de confiance qui sont en train de se fissurer. Mais ces procédures sont loin d’avoir démontré leur capacité d’influence sur les décisions et les développements réels, et sont aujourd’hui accusées de servir d’alibi aux intérêts industriels.

Aujourd’hui, un point d’irréversibilité a été atteint :
après une série de crises sanitaires et environnementales et de débats houleux sur certaines options technologiques (nucléaire, OGM), les relations établies entre science, technologie, politique et société ne peuvent plus être les mêmes. Le caractère bénéfique de l’innovation technologique ne va plus de soi, et la confiance du public envers les autorités auxquelles il déléguait traditionnellement la gestion de ces questions a été considérablement ébranlée. Une grande diversité d’acteurs de la société civile – simples citoyens, scientifiques, experts associatifs, associations, réseaux ou collectifs – s’engouffrent dans la brèche ainsi créée et font entendre leur voix.
Parallèlement, les milieux dirigeants politiques ou économiques attendent de « l’innovation » la réponse à tous nos problèmes économiques, sociaux et environnementaux. Ceci crée un climat favorable à l’adoption, sans véritable possibilité de validation démocratique, de technologies ou de produits dont l’avantage pour la société en général est douteux, et dont les risques sont délibérément ignorés.

À la croisée de ces deux tendances contradictoires, les dispositifs de débat démocratique sur les choix technologiques - les multiples panels, jury citoyens, forums ou conférences de consensus - occupent une place cruciale, mais difficilement tenable. Ils sont aussi nécessaires dans leur principe que controversés dans leurs modalités pratiques d’organisation.

Ce numéro a pour objectif de présenter le travail, les analyses et les propositions des acteurs de la société civile française en matière de démocratisation des choix scientifiques et technologiques.
Il propose une sélection d’articles disponibles en ligne sur divers sites web d’organisations actives dans ce domaine, au premier rang desquelles la Fondation Sciences Citoyennes, VivAgora et Inf’OGM. On y retrouve toute la gamme des technologies actuellement en débat, depuis le domaine énergétique jusqu’aux problématiques agricoles.

Si le débat sur les procédures délibératives et participatives de choix technologiques occupe inévitablement une place centrale dans ce dossier, ces articles illustrent aussi la multiplicité et la complémentarité des approches et des niveaux d’action de la société civile, en amont et en aval des débats publics proprement dits – institutionnalisés ou non.

Pour obtenir un ou plusieurs exemplaires, vous pouvez nous contacter par courriel : animation@coredem.info

Contenu recensé dans la Coredem sur le thème « gouvernance et technologie » :

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